Né à Saint Germain en Laye, j’ai grandi dans une ruelle sombre d’un quartier populaire, près du château renaissance et de son parc qui fut une reconstituante terre de liberté.
Je fais partie de ceux qui, déracinés très tôt et de modeste condition, eurent une boulimie de culture, sans obligatoirement en avoir les moyens et qui, par nécessité, ont forgé en autodidactes leur accès aux savoirs.
Je dois à un prof d’histoire passionné du moyen âge et de la renaissance, la découverte des grands classiques de l’art. Lors d’un voyage en Hollande ce fut la rencontre avec les œuvres d’art, avec les ombres et lumières d’un Rembrandt, ce fut un choc intense, un émerveillement, un lien profond venait de prendre racine… Omniprésent, l’art fut tout au long de ma vie, une compagne silencieuse et vivifiante.
Mais à cette époque pour un garçon, l’art devait encore avoir des relents maudits et pour le moins, on n’encouragea pas ce « genre » de talent…
L’entrée dans la vie professionnelle se fit en marchant sur les traces parentales : l’art culinaire. Cependant, on peut entrer par hasard dans la restauration, mais l’on n’y reste que par vocation, ce qui n’était pas mon cas.
À partir de là, en dehors d’un chemin tout tracé, se sont ouverts des espaces multiples, jalonnés de rencontres marquantes. De ce parcours atypique, s’est peu à peu dévoilée une voie qui tendait à orienter et canaliser mon cheminement.
La curiosité pour ce qui m’est inconnu comme l’attirance pour le mystère, alliées à la nécessité de comprendre mes semblables, m’incitèrent (en phase avec l’époque) à m’intéresser à différentes disciplines des sciences humaines, du corps et de l’esprit. Je me suis formé, exercé, j’ai pratiqué et j’ai été amené à transmettre.
Continuant ma quête, j’explorais de nouveaux horizons, entre orient et occident, et de nouvelles conceptions du monde, qui m’amenèrent en Inde. Ce voyage et ses multiples rencontres, remirent en cause ma compréhension de l’humain et du monde et je compris la nécessité d’associer vie intérieure et réalité quotidienne.
Je me retrouvais à nouveau sur les chemins de l’antique « Connais toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » (Socrate), rejoignant un M. Foucault et son souci de Soi, qui s’apparente au soin de l’âme.
Cette quête de formation m’a conduit à l’anthropologie ainsi qu’à la psychologie des profondeurs de C.G.Jung et à sa façon d’inciter chacun à dialoguer avec ses entités intérieures.
Ces influences amenèrent une orientation décisive dans ma pratique de l’art. Dans la peinture s’élabore une expression des ambiances intérieures.
Dans l’écrit reste présente comme une respiration, où la verve allie l’intellectualité et le conte poétique.
Avec cet imaginaire en action, insidieusement la sculpture s’installa profondément et devint un médiateur privilégié pour « incarner » ce qui s’impose comme une force créatrice.
En 2011, à l’arrivée de la retraite, encouragé par quelques amis et certains connaisseurs, je décide d’ouvrir mon atelier au public… cela n’a pas suffi…
Une nécessité se fait jour. Les sculptures en quelque sorte exigent un « changement de mains »…